seule

La lumière frappant mieux que jamais, je me voyais telle que j’étais. Seule. On m’avait entouré à maintes et maintes reprises, mais jamais on ne m’avait accompagnée. Seule. J’en avais aidé plus d’un, je m’étais dévoué corps et âme et n’avais tout de même pas réussi à marquer personne. Seule. Je me croyais malchanceuse, ou condamner à une deuxième place, je ne faisais même pas parti du décompte. Seule. J’avais aimé, profondément et en souffrance, j’ai même cru aux illusions de bonheur. Seule. On ne m’avait jamais rendu la pareille, peut-être je ne la méritais pas, peut-être trop. Seule. J’avais toujours voulu bien faire, à croire que l’amour appartient aux personnes mauvaises. Seule. Le mal et le bien ne font plus de sens, je suis blanche et noir à la fois. Seule. Le vide est si grand, même les échos de mes cris ne me reviennent pas. Seule. Je pourrais courir ou marcher, mes pas n’iraient nul part, vers personne, il n’y a personne. Seule. Même dans mes souvenirs les visages deviennent ombragés, eux aussi ligotés. Seule. Jamais je n’aurais cru que c’était si sinistre la mort, on m’avait plutôt parlé de confort. Seule. Les anges, les oiseaux, enfants du paradis, on vous avait pourtant promis. Seule. J’étais pourtant la dernière, tous étaient sensés être là, tous étaient sensés m’attendre. Seule. Je ne ressens plus les pressions comme avant, les lourdeurs peuvent-elles vraiment venir de l’intérieur? Seule. Avachie sans agonie, je n’ai plus rêve ni d’envie. Seule. Si l’enfer c’est les autres, ça doit être le paradis d’y être. Seule. J’aurais mieux fait de venir plus vite, le temps d’ignorance ne fait qu’augmenter la peine. Seule. Arrête lumière, laisse tomber ton décor. Je me suis suffisamment vue, le vide ne nécessite pas un aussi vaste coup d’œil. Seule. Les couteaux, les armes venez je m’en fous. Ô haute trahison je ne peux y adhérer. Si la solitude est bien je ne veux que le mal. Seule. Hélas trop tard pour réfuter, j’ai vendu mon âme à Dieu.

Menteur

MENTEUR